đââïž Comment prĂ©venir et soigner les fractures de stress chez les coureurs ?
â±ïž Temps de lecture : 5 minutes
Les fractures de stress reprĂ©sentent jusquâĂ 20 % des blessures liĂ©es au sport. đŻ
Elles rĂ©sultent dâun processus dâaccumulation de microlĂ©sions osseuses, causĂ© par un dĂ©sĂ©quilibre entre le stress mĂ©canique appliquĂ© Ă lâos et sa capacitĂ© Ă se remodeler.
Si ce déséquilibre persiste, les microlésions ne sont pas réparées et peuvent évoluer vers une fracture complÚte.
Ce consensus international, obtenu par mĂ©thode Delphi, a permis de valider 41 affirmations sur 58, Ă©tablissant les fondements dâune prise en charge fondĂ©e sur les preuves.
On distingue deux types principaux de lésions osseuses de stress.
1ïžâŁ Les rĂ©actions de stress : ce sont des lĂ©sions osseuses sans trait de fracture visible, qui peuvent parfois ĂȘtre dĂ©tectĂ©es Ă lâIRM mais pas Ă la radiographie.
2ïžâŁ Les fractures de stress proprement dites, qui prĂ©sentent un trait visible sur lâimagerie, notamment Ă lâIRM ou parfois Ă la radiographie standard.
Ces deux entitĂ©s sâinscrivent dans un mĂȘme continuum physiopathologique.
Les fractures de stress sont classées selon leur localisation anatomique en lésions à faible ou à haut risque. Cette classification détermine le risque de complications et oriente la prise en charge.
Les localisations à haut risque incluent notamment : le col fémoral, le naviculaire, le cortex antérieur du tibia et la base du cinquiÚme métatarsien.
âïž LâIRM est lâimagerie de rĂ©fĂ©rence pour dĂ©tecter les lĂ©sions de stress, en particulier aux stades prĂ©coces.
â La scintigraphie nâest plus recommandĂ©e en raison de son manque de spĂ©cificitĂ© et de lâexposition aux radiations ; elle peut toutefois ĂȘtre envisagĂ©e si lâIRM est impossible et que les autres examens sont non concluants.
đ§ Le scanner (TDM) reste utile dans certains cas spĂ©cifiques, notamment pour affiner un diagnostic diffĂ©rentiel ou Ă©valuer la consolidation osseuse, bien quâil soit peu utilisĂ© en premiĂšre intention.
Les auteurs attirent Ă©galement lâattention sur un point important : lâaccessibilitĂ© croissante Ă lâimagerie peut favoriser le surdiagnostic de lĂ©sions asymptomatiques. Il est donc essentiel de toujours interprĂ©ter les rĂ©sultats dâimagerie dans leur contexte clinique.
đŁ Le consensus identifie plusieurs facteurs de risque majeurs.
Sur le plan de lâentraĂźnement, les transitions rapides dans le volume ou lâintensitĂ© sont particuliĂšrement Ă risque.
Une faible masse corporelle ou une faible densitĂ© minĂ©rale osseuse (Z-score †â1,0) sont Ă©galement impliquĂ©es.
Selon les auteurs, dâun point de vue biomĂ©canique, des altĂ©rations telles quâune surpronation du pied, une rotation interne excessive de la hanche en appui ou une faible cadence de pas sont Ă©galement incriminĂ©es.
Le changement de chaussures, en particulier vers des modĂšles Ă technologie « avancĂ©e » (semelles en mousse rĂ©active et plaques en fibre de carbone), a Ă©tĂ© associĂ© Ă des cas de fractures de stress dans certaines sĂ©ries dâathlĂštes. Ces Ă©lĂ©ments appellent Ă la prudence lors de modifications de matĂ©riel, surtout chez les sportifs dâendurance.
đ„ La faible disponibilitĂ© Ă©nergĂ©tique est une cause majeure de dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique relatif dans le sport (RED-S), elle est fortement associĂ©e Ă une augmentation du risque de fracture de stress.
âïž Ce facteur est crucial Ă explorer chez les athlĂštes, en particulier si les antĂ©cĂ©dents sont Ă©vocateurs. Un bilan biologique incluant la vitamine D et la parathormone est recommandĂ©.
En prĂ©vention, les experts rappellent lâintĂ©rĂȘt dâun entraĂźnement complĂ©mentaire en musculation et en impact, afin de renforcer la soliditĂ© osseuse grĂące Ă leur effets ostĂ©ogĂ©niques.
Un accompagnement nutritionnel, un bon sommeil et la gestion du stress psychologique sont également jugés déterminants, car ils influencent la santé osseuse via des mécanismes neuroendocriniens.
La prise en charge doit ĂȘtre adaptĂ©e Ă la localisation. âïž
Pour certaines fractures de stress Ă haut risque â notamment le naviculaire, le tibia antĂ©rieur, le cinquiĂšme mĂ©tatarsien ou le col fĂ©moral â une approche chirurgicale peut ĂȘtre envisagĂ©e prĂ©cocement chez les sportifs de haut niveau afin dâaccĂ©lĂ©rer le retour Ă la pratique.
Enfin, certaines technologies comme les tapis roulants antigravitĂ© ou immergĂ©s peuvent sâavĂ©rer utiles en phase de rĂ©adaptation Ă la marche, en diminuant les charges dâimpact sur le squelette.
Ce consensus apporte un éclairage précieux et actualisé sur la prise en charge des fractures de stress.
Il rappelle que le diagnostic repose sur une combinaison dâanalyse clinique rigoureuse, dâimagerie adaptĂ©e et dâĂ©valuation des facteurs de risque individuels.
Il souligne Ă©galement que le rĂŽle du kinĂ©sithĂ©rapeute est central, Ă la fois dans lâĂ©ducation, la prĂ©vention, le repĂ©rage des profils Ă risque et lâaccompagnement au retour au sport.
đ RĂ©fĂ©rence : Hoening et al. (2025)